Constructeur : RENAULT

Perçu par la 352e CACC à Satory le 7 juin 1940. 

Equipage :
Chef de char : Sous-Lieutenant Sarraz-Bournet et Sous-Lieutenant Letourneur le 22 juin.
Pilote : Sergent-chef Bill
Aide-pilote : Chasseur Poinet
Radio : Chasseur Paris

Combat à Chalonnes sur Loire le 20 juin et à Luché-Thouarsais le 22 juin.
Détruit au combat et incendié à Geay le 22 juin 1940.



Rapport du chasseur Chareyron Louis 22 juin 1940

"Je faisais partie de l'équipage du char de combat n° 543 comprenant :
le Lieutenant Letourneur Pierre, commandant le char
le sergent chef Bil, pilote
le chasseur Paris, radio
le chasseur Poinet Marcel
le chasseur Chareyron Louis.
Un deuxième char restait à la compagnie (CHASSEUR CHICHERA). Il comprenait l'équipage suivant :
Lieutenant Bresson, commandant le char
Sergent Quenardel, pilote
Caporal Noël
chasseur Salin radio
un autre chasseur dont le nom m'est inconnu.

Depuis la veille, la 352e compagnie était en surveillance avec ses deux chars. Dans la matinée, notre capitaine donne l'ordre de nous tenir prêts à partir d'un instant à l'autre.
Dans l'après-midi arrive l'ordre de départ pour une destination inconnue pour moi.
Les voitures et chenillettes de ravitaillement partent à 15 heures. Nos deux chars devaient partir à 17 heures. Mais à seize heures arrive l'ordre de partir immédiatement pour dégager la compagnie qui était attaquée.
Le char dans lequel je me trouvais part en tête suivi à quelques centaines de mètres par le char du lieutenant Bresson. Nous arrivons rapidement sur les lieux, plusieurs chenillettes sont en flammes. Un couvert composé d'arbres et de nombreuses haies, nous empêche de repérer les pièces antichars qui nous tirent dessus sans arrêt, et de voir ce qui se passe à droite et à gauche. Il nous est possible, toutefois, de tirer sur des groupes allemands. Un obus met le feu à notre char ; à l'aide d'un extincteur nous parvenons à l'éteindre et continueront d'avancer presque jusqu'à Geay (Deux-Sèvres) toujours sans pouvoir repérer les pièces de l'ennemi.
Nous faisons alors demi-tour et en revenant rencontrerons le char du Lieutenant Bresson en flammes. Nous avons recueilli trois hommes de l'équipage. Les deux autres, le Lieutenant Bresson et le sergent pilote Quenardel n'ont pas voulu monter dans notre char sous le prétexte du peu de place disponible, nous donnant ainsi un bel exemple d'abnégation et de courage.
Nous repartons en direction des chenillettes et presque aussitôt recevront un obus qui pénètre par les grilles des ventilateurs. Le moteur est touché et 150 m plus loin le char s'immobilise. Malgré tous nos efforts pour repartir et sauver notre char, nous ne parvenons pas à remettre le moteur en état de marche. Nous exécutons le plus de tirs possible, mais 7 obus pénètrent par l'arrière tuant le caporal Noël et le chasseur Poinet et blessant le Lieutenant Letourneur, le sergent chef Bil, et moi-même
Avec beaucoup de difficulté nous réussissons à sortir. Le Lieutenant Letourneur qui continue de tirer avec ses deux pièces et le sergent chef Bil toujours à son poste de pilotage, restent jusqu'à la fin ; mais le char étant en feu ils sont obligés de se sauver par la porte de tourelle, l'autre porte étant obstruée par les corps de nos camarades tués. Dix minutes après nous étions prisonniers. Avec le Lieutenant Letourneur nous avons été soignés sur place par les Allemands et transportés ensuite à l'hôpital de Touars. Avant mon transport à l'hôpital, mes camarades Paris et Salin prisonniers comme moi, sont venus avant d'être emmenés par les Allemands nous dire adieu. Ils ont déclaré avoir sorti avec beaucoup de difficultés les corps de nos camarades Poinet et Noël. Ils les auraient enterrés à une dizaine de mètres du char, au pied d'une croix. Environ un mois après, mes blessures étant en bonne voie de guérison et aidé par des civils qui m'ont prêté des effets d'habillement, je suis retourné à l'endroit où j'avais été blessé. J'ai pu prendre des photos des deux chars et des chenillettes.
Les corps du caporal Noël et du chasseur Poinet ont été exhumés et ensevelis au cimetière de Luché-Touarsais (Deux-Sèvres). Je n'ai pu aller sur leurs tombes."